Thursday, 15 October 2009

Pink Cheese


Comme les enfants sont peu nombreux a la nursery en ce moment, on demande aux parents de fournir des repas froids que les enfants mangent ensemble a midi. Aujourd'hui, c'est moi qui m'occupait d'eux pendant le temps du repas.

J'ai initié un jeu ou les enfants levaient la main selon qu'ils avaient un fruit a peler, un yaourt a boire ou a manger a la cuillere, un aliment rouge, vert, bleu, multicolore, poilu, visqueux, chatouilleux... c'est sans limite!

La petite K., deux ans et demi, n'avait pas de chance, elle n'avait rien de tout cela. Elle s'est alors exclamée "Moi, j'ai du fromage rose!" Ca m'a intriguée et en regardant dans son assiette, j'y ai vu un sandwich au jambon!

J'ai du faire un sacré effort pour ne pas lui montrer son erreur devant les autres et risquer qu'on se moque d'elle, mais l'ai corrigée par la suite en demandant qui avait du jambon tout en pointant sur son assiette!

Saturday, 3 October 2009

Sac mystere - Présentation


Un jour de retard, je suis impardonnable! Un jour ou deux? Je sais meme plus... Il faut dire que j'ai été assez occupée ces derniers jours, avec des gardes d'enfants tous les jours pendant plusieurs heures, et le reste du temps a étudier pour ma formation. J'ai meme pas eu le temps de fabriquer du nouveau matériel!

J'ai pu tester mon activité "I spy" avec un petit garcon de trois ans et demi, sur les deux cartes les plus faciles. Je l'ai laissé observer la scene un bon moment avant de lui présenter, une a une, les petites images. Je lui ai demandé d'entourer l'objet identique au feutre directement sur la planche. Il a trouvé tres facilement la premiere (et a meme émis un cri de joie!) mais pour ce qui est d'entourer, j'aurais du penser a lui montrer comment faire! Il a fait des gribouillis sur l'image a la place, et je l'ai laissé faire comme ca tout du long pour ne pas avoir a lui dire qu'il s'était trompé. J'ai cependant noté dans un coin de cerveau de penser a lui faire une démonstration de l'action que j'attends de lui quand je lui demande d'entourer. Je pense qu'il a apprécié cette activité et a trouvé toutes les images, mais a montré des signes d'agitation au bout de cinq ou six. J'ai donc décidé d'arreter la avant qu'il en ai vraiment marre et prenne le jeu en grippe!



J'ai profité de mon temps avec lui pour faire une autre activité, celle du sac mystere. C'est une activité sensorielle pure puisque l'enfant doit trouver des objets identiques par le seul sens du toucher. On peut se servir de cette activité pour introduire du vocabulaire nouveau. Ma version se concentre sur la nomenclature des formes géométriques et mes mots nouveaux étaient: cylindre, cube, anneau, cercle et carré. Les deux derniers ne sont pas vraiment nouveaux pour un enfant de trois ans et demi, mais les utiliser avec des objets spécifiques renforce l'acquisition du sens. J'aimerais ajouter que mes objets ne sont pas parfaits dans le sens ou ils sont faits de matériaux différents. L'idéal pour cette activité serait d'utiliser des solides tels que ceux-ci.


J'ai choisi de donner une structure plutot rigide a la présentation de cette activité, pour permettre a l'enfant d'entendre les mots plusieurs fois et de lui permettre de créer une routine simple.




Le jeu se compose d'un sac en tissu avec liens coulissants, d'un bandeau pour les yeux qui peut ne pas etre utilisé, et de paires de petits objets. Mes objets sont classés en deux groupes, celui des formes géométriques distinctes et celui des objets de type "boule". On utilise en premier les formes géométriques car elles rendent la tache plus aisée, Je laisse de coté les boules. Ainsi, l'affinement des sens se fait de facon graduelle. Ma procédure de présentation se déroule comme suit:


1. Le sac est plein. Je sors les objets par paires et les pose devant l'enfant en disant une fois "une paire de cylindres". Je le laisse les explorer puis je dis "mets les cylindres sur le coté", ce qu'il fait. Je continue de la meme maniere avec les autres objets, en faisant par exemple cylindres, carrés, cercles, anneaux et cubes (c'est important pour la suite). L'enfant a entendu chaque nouveau mot deux fois jusqu'ici. Cette phase correspond au premier temps de la lecon en trois temps d' Edouard Seguin.


2. Ensuite, je pars du dernier objet que l'enfant a manipulé et dont le nom est le plus frais dans sa mémoire, ici le cube. Je dis "Mets un cube dans le sac". Une fois l'action éxécutée, je continue avec l'objet qu'il a vu juste avant le cube: les anneaux. Puis les cercles, les carrés et les cylindres. Le cylindre étant le mot que je juge comme étant le plus difficile, je le laisse a la fin pour éviter toute confusion. C'est le deuxieme temps de la lecon de Seguin. Le troisieme temps n'est pas inclus dans cette activité car l'enfant a besoin d'entendre le mot dans d'autres contextes avant de pouvoir le prononcer de lui-meme.

3. Une fois la moitié des objets dans le sac et l'autre moitié disposés devant l'enfant, je lui demande d'en choisir un, et de le prendre dans ses mains. Il peut le regarder, jouer avec, le lancer, essayer de le faire rebondir, rouler, etc, pour explorer le maximum de ses caractéristiques. Je lui laisse autant de temps qu'il a besoin.


4. Je lui demande ensuite de garder cet objet dans une main, et de plonger l'autre dans le sac, sans regarder a l'intérieur. Il doit trouver l'objet identique pour reformer la paire. Ainsi de suite avec les autres objets.


Je n'ai pas utilisé le bandeau pour les yeux parce que je trouve que voir un objet identique a celui que l'on cherche, en complément du toucher, aide a savoir ce que l'on cherche. On peut par contre l'utiliser apres avoir joué a ce jeu quelques fois.




Les boules peuvent etre utilisées si on pense que l'enfant est capable d'une concentration assez grande pour réussir, et leur nombre doit rester restreint. On utilise un vocabulaire spécifique pour les décrire lorsqu'on les présente, pour amener l'attention de l'enfant sur certains détails. Par exemple, comme mes boules ont toutes une couleur différentes, je ne peux pas seulement utilser des adjectifs de couleur pour les décrire, ca n'aiderait pas l'enfant qui ne peut pas voir a l'intérieur du sac. Je dirais plutot: "voici une paire de perles vertes striées", ou "voici une paire de perles marron en bois". J'aide aussi l'enfant a distinguer les différentes textures. En prenant moi meme les boules de papier jaune entre deux doigts et en pressant légérement, je montre a l'enfant, qui va m'imiter, comment tester la souplesse d'un objet. Je lui donne le plus d'indices possible pour lui permettre de réussir.



Les indices sont importants, tout comme le temps que l'on prend a toucher les objets un a un juste avant de chercher son jumeau. J'ai testé cette activité avec mon fiancé, qui n'a pas voulu jouer le jeu et écouter mes recommandations, mais faire a son idée. Avant d'y jouer, il trouvait que c'était facile. Il a tenté avec les boules, en a sorti une, la tout de suite posée a coté en la regardant a peine, et s'est précipité sur le sac pour sortir l'autre. Il a été tellement vite en besogne qu'il a sorti une perle d'une autre paire et était visiblement tres surpris de son erreur! Comme quoi, c'est important de prendre son temps. Ca montre aussi que la présentation est indispensable et a autant de poids que les objets eux-meme. Si on lésine sur la présentation et le vocabulaire précis qui va avec, c'est l'activité entiere qui est mise en péril.

Le bandeau pour les yeux est fait-main et le sac en tissu que j'ai utilisé m'a été fourni par Amélie qui les fait par dizaines. J'aime beaucoup les liens coulissants, et mon petit éleve aussi! Je trouve que le laisser fermer le sac apres le jeu est une jolie maniere de mettre fin a l'activité. Pour aujourd'hui du moins.
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Merci a Stella, Benoit, Amélie, maman et my boys' teacher d'avoir répondu a mon SOS! Vous m'avez rassurée!

Tuesday, 29 September 2009

I spy with my little eye...

Cette fois, un article sans rapport aucun avec Montessori, mais avec quand meme un brin de pédagogie. Quand j'étais assistante de francais, j'avais acheté pour mes éleves, dans un magasin de charité, un livre/cahier d'autocollants pour apprendre le francais. Une fois a la maison, je l'avais feuilleté et réalisé que c'était une erreur d'édition; Il semblerait que Usborne se soient plantés car la couverture indique que c'est un livre de "mille premiers mots en francais" mais les pages intérieures laissent a penser que c'est pour apprendre des mots anglais! Bref, je comprends pourquoi il était dans un magasin de charité, il est inutilisable dans ce pays...

SAUF quand on est malin. Ou maline. J'ai détaché toutes les pages du livre et découpé les scenes a l'intérieur (les dessins sont classés par scenes - pieces de la maison, a la campagne, a la ville, chez les pompiers, etc.) que j'ai plastifiées individuellement. J'ai ensuite collé tous les autocollants (qui reprennent les objets des images) sur une feuille de papier légerement cartonné, et je les ai découpés et rangés dans des petits sachets étiquetés en fonction de la scene a laquelle ils correspondent (de 5 a 30 images par sachet). Qui a dit que j'étais désorganisée?


Comment s'en servir? L'enfant (entre 3 et 6 ans j'imagine) choisit une scene et prend le sachet d'images qui va avec. S'il est petit, il peut simplement poser les images sur la scene a l'endroit ou il voit une image identique. Pour faire ca, je pense qu'il vaut mieux utiliser l'une des scenes les plus petites ou il n'y a que 5 a 10 cartes, autrement les images cachent trop le dessin.


Si l'enfant est un peu plus agé, je propose qu'il utilise un feutre effacable pour entourer les images au fur et a mesure qu'il les trouve. Ca laisse le dessin visible et l'entraine a tenir un stylo pour plus tard pouvoir écrire.


(un clic sur la photo)

Une idée d'extension de ces cartes et de jouer a "I spy". C'est un jeu que les petits anglais aiment beaucoup, qui se joue a au moins deux, qui est tres simple et variable a l'infini. L'adulte regarde autour de lui et dit "I spy with my little eye something beginning with ... " Il peut dire la premiere lettre du mot, le premier son, la couleur de l'objet, etc. Et l'enfant doit trouver de quel objet il s'agit. C'est tres utile pour familiariser l'enfant avec les différents sons que l'on peut produire avec notre alphabet. Au lieu de regarder autour de lui, le joueur peut piocher une des cartes et donner un indice sans montrer la carte a l'enfant.

Si quelqu'un a d'autres idées d'extension, je suis preneuse!

Je garde mercredi un petit garcon de 3 ans qui pourra tester cette activité en avant-premiere!

Saturday, 26 September 2009

Tangram


Le jeu du tangram est une invention chinoise vieille de plusieurs siecles. C'est un puzzle facile a fabriquer, qui ne coute rien, et qui de plus est extremement versatile, d'ou sa popularité défiant frontieres et classes d'age.



On peut l'utiliser en géométrie pour rendre concrets des principes abstraits et ainsi mieux comprendre les mesures d'angles et de longueur, et les notions de symétrie et d'équivalence. Selon la pédagogie Montessori, on met l'accent sur les approches sensorielles, c'est-a-dire celles qui utilisent les sens, en particulier celui du toucher puisque la main pourvoit au cerveau un acces direct au savoir et la compréhension.

A l'origine, les formes géométriques du tangram sont utilisées en association pour faire des représentations abstraites d'images concretes. On peut donner des images toutes faites aux enfants, qu'ils n'auront plus qu'a reproduire. Ca peut paraitre une tache facile, mais il n'en est rien pour un novice. Il faut avoir un oeil et une main acérée pour reconnaitre la forme dont on a besoin et lui donner la rotation nécessaire. Les enfants peuvent aussi s'essayer a créer d'autres formes et donc a faire fonctionner leur imagination.





Par le biais du tangram, la géométrie plane devient réelle et de ce fait beaucoup plus facilement absorbable par l'enfant. Il apprend de lui-meme a créer des équivalences entre les formes, a comparer les angles, en déduire la valeur des angles restants, a utiliser d'autres figures pour vérifier que les triangles sont bien isoceles, que les cotés du carré sont égaux. Il est probable qu'il s'essaiera aussi a calculer/déduire les angles du parallélogramme.

Pour guider l'enfant dans sa recherche, on peut lui proposer des cartes avec des questions relatives aux figures qui sont a sa disposition. J'ai trouvé les miennes, ainsi que les cartes avec les animaux, sur ce site.

Thursday, 24 September 2009

Tableau de fleurs a boutonner

La semaine derniere, quand Bertrand et Amélie sont venus nous rendre visite, ils m'ont emmenée a Hobbycraft, la caverne d'ali baba des artistes et bricoleurs en tout genre! J'y ai trouvé de la feutrine de toutes les couleurs qui m'a servi pour fabriquer ce tableau de fleurs a boutonner, idée trouvée et piquée sur le blog Chasing Cheerios.


Le principe est simple; Les pétales sont amovibles et se fixent a l'aide d'un bouton cousu sur le fond. Les enfants peuvent créer neuf fleurs différentes si mes calculs sont bons, tout en s'entrainant a boutonner et déboutonner. C'est donc du Montessori vie pratique un peu dévié, mais je trouve que ca rend la tache plus intéressante que de simplement faire et défaire des boutons. Enfin, je me trompe peut-etre. Je regrette une seule chose, de ne pas avoir fait les racines des fleurs. On dirait qu'elles tiennent debout par magie! Qui sait, je les rajouterais peut-etre!

Thursday, 27 August 2009

Question de socialisation


Petit dialogue trouvé sur Les enfants d'abord, portail de l'école a la maison en France.

Deux femmes se retrouvent dans un parc, pendant que leurs enfants se balancent et jouent au ballon. Les deux femmes les surveillent, assises sur un banc. Au bout d'un moment, elles se mettent à discuter.

M: - Bonjour, je m'appelle Martine. Mes enfants sont les trois en rouge, ça m'aide à les repérer.

T: - (Sourire) Moi c'est Thérèse. les miens sont ceux en rose et en jaune. Vous venez souvent ici?

M: - Deux ou trois fois par semaine, après la bibliothèque.

T: - Oh! Comment faites-vous pour trouver le temps?

M: - On fait l'école à la maison, alors on vient dans la journée le plus souvent.

T: - J'ai des voisins qui font aussi l'école à la maison, mais les miens vont à l'école publique.

M: - Comment faites-vous?

T: - Ce n'est pas facile. Je vais à toutes les réunions de parents et je fais travailler les enfants tous les jours après l'école, je m'implique beaucoup.

M: - Mais la socialisation? Ca ne vous ennuie pas qu'ils soient enfermés toute la journée avec des enfants du même âge, sans aucune possibilité d'avoir des relations naturelles?

T: - Eh bien, oui, mais je me donne du mal pour compenser ça. Ils ont des amis qui font l'école à la maison, et nous allons chez leurs grands-parents presque tous les mois.

M: - Vous semblez une mère très dévouée. Mais est-ce que ça ne vous ennuie pas toutes les occasions qu'ils manquent? Je veux dire en étant tellement isolés de la vie réelle - comment vont-ils savoir à quoi le monde ressemble - ce que font les gens pour gagner leur vie - comment s'entendre avec tous ces gens différents?

T: - Oh, nous en discutons aux réunions de parents, et nous avons créé une caisse pour inviter des gens réels dans les classes. Le mois dernier, un policier et un docteur sont venus parler dans toutes les classes. Et le mois prochain, il y aura une femme du Japon et un homme du Kenya.

M: - Oh, nous avons rencontré un japonais au supermarché l'autre jour, et il en est venu à parler de son enfance à Tokyo. Mes enfants étaient complètement fascinés. Nous l'avons invité à dîner et nous avons fait connaissance de sa femme et de ses trois enfants.

T: - Super. Hum, peut-être devrions-nous prévoir des plats japonais à la cantine pour la Journée Interculturelle.

M: - Peut-être votre invitée japonaise pourrait-elle manger avec les enfants?

T: - Oh non, elle a un emploi du temps très chargé. Elle a deux autres écoles à visiter ce jour-là. Ce que nous faisons est un projet collectif.

M: - Oh, dommage. Eh bien, peut-être allez-vous rencontrer quelqu'un d'intéressant au supermarché un jour, et vous pourrez l'inviter à dîner.

T: - Je ne pense pas. Je ne parle jamais aux gens dans les magasins - et sûrement pas à ceux qui risquent de ne même pas parler notre langue. Et si ce japonais n'avait pas parlé français?

M: - Pour tout vous dire, je n'ai pas eu le temps d'y penser. Avant même que je l'aie remarqué, mon fils de 6 ans lui demandait ce qu'il allait faire avec toutes les oranges qu'il achetait.

T: - Vos enfants parlent à des étrangers?

M: - J'étais juste à côté de lui. Il sait que tant qu'il est avec moi, il peut parler à qui il veut.

T: - Mais vous lui donnez de mauvaises habitudes. Mes enfants ne parlent jamais à des étrangers.

M: - Même quand ils sont avec vous?

T: - Ils ne sont jamais avec moi, sauf à la maison après l'école. Alors vous voyez pourquoi il est si important qu'ils comprennent qu'il est absolument interdit de parler à des étrangers.

M: - Oui, je vois. Mais s'ils étaient avec vous, ils pourraient avoir l'occasion de rencontrer des gens intéressants en toute sécurité. Ils auraient un aperçu du monde réel, dans des situations réelles. Ils pourraient aussi sentir réellement ce qui permet de dire qu'une situation est dangereuse ou suspecte.

T: - Ils verront ça en CE2 et CM2, en Instruction Civique.

M: - Eh bien, je vois que vous êtes une maman attentionnée. Je vous laisse mon numéro - si jamais vous voulez discuter, appelez-moi. J'ai eu plaisir à faire votre connaissance.

Sunday, 26 July 2009

Homemade Memory Game

Cela fait un petit moment déja que j'ai terminé un projet de couture qui m'a pris des semaines et des semaines, non pas parce que c'est particulierement long, mais surtout a cause du caractere monotone de la tache qui m'a poussée a faire plus de pauses que nécessaire.


Cette fois-ci il s'agit d'un jeu, que j'ose esperer éducatif.

La grande majorité des éducateurs recommandent les jeux de mémoire, et en particulier celui qu'on appelle le jeu du mémo, ou il faut retourner des cartes pour reconstituer des paires.


C'est l'un des jeux les plus versatiles car on peut utiliser n'importe quelles images, les animaux de la ferme pour les tout-petits ou des images et les mots correspondants pour les plus grands, on peut utiliser des themes selon le moment de l'année, les saisons, les intérets des enfants. On peut meme remplacer les images par des textures, des odeurs ou des sons, comme recommandé par Montessori pour affiner les sens.


C'est un jeu qui demande beaucoup de concentration car il faut suivre un protocole précis: Retourner une carte, la poser a l'endroit a son emplacement initial, faire de meme avec une deuxieme, et si une paire n'est pas découverte, les retourner a l'envers et surtout au meme endroit pour permettre au jeu de stimuler la mémoire.


En général, les enfants sont trop excités par la possibilité de gagner qu'ils oublient de montrer la carte aux autres joueurs et de la reposer au meme endroit. Je réfléchis a fabriquer un petit tapis de jeu ou je marquerais l'emplacement des cartes qui rendrait plus évident une place vide et rappellerait a l'enfant de reposer la carte au meme endroit.


Le mémo que j'ai fabriqué a plusieurs atouts selon moi. Tout d'abord, il est en tissu, ce qui est une matiere plus agréable au toucher que les cartes en carton plastifié que l'on trouve dans le commerce. Il est fait a la main, ce qui lui donne un caractere précieux et pousse au respect de l'objet. Il a une petite pochette faite sur mesure, spécialement pour ce jeu-la, qui aidera l'enfant a voir si une carte est manquante. Les chiffres sont mis en valeur sur les cartes par un tissu dont les couleurs sont plus vives et par une texture plus douce qui invite au toucher.



Quant au theme, les chiffres de 0 a 9, répondra aux besoins des enfants d'environ 3 ans de faire correspondre les symboles aux sons. C'est un jeu auquel il devra jouer avec au moins un adulte ou un enfant qui connait les chiffres. Celui-ci devra prononcer les mots le plus souvent possible quand une carte sera retournée, sur un ton commentatif, et le jeu pourra etre répété jusqu'a ce que l'enfant associe symbole et son. Ensuite, le jeu pourra etre adapté aux progres de l'enfant et la moitié des cartes pourront etre remplacées par les mots "zéro, un, deux, trois, ...", qui prépareront le petit éleve a la lecture.

Monday, 22 June 2009

Chenille et papillon

Aujourd'hui c'est lundi, ce qui veut dire que je me rapproche sensiblement de mon jour de la semaine préféré! C'est 19:40 qui plus est (le repas est pret, je suis tout a fait dans mon droit en écrivant un article a cette heure ci!), et il reste environ 12 heures jusqu'a ce que ... j'aille bosser! Eh oui, j'ai hate d'aller travailler! Non non, je suis pas folle, c'est juste que j'aime mon travail. Comment ne pas aimer un boulot ou l'on peut partir a 9h00 pour arriver a 9h00, ou on passe la journée entourée d'enfants dans une ambiance calme et paisible a boire du thé et a discuter avec eux? Un environnement ou enfants et adultes sont en parfaite égalité, ou on ne prononce pas un mot plus haut que l'autre, ou on évolue et respecte les autres tout en développant une personnalité profonde?

Je n'ai jamais autant appris qu'en observant ces enfants. Il y a méprise depuis trop longtemps. C'est eux qui nous enseignent, pas l'inverse. A force d'apprendre aux enfants a devenir adultes, on oublie que l'enfance est autre chose qu'un passage vers un age plus respectable. Plus respectable, oui. Car rares sont les adultes qui respectent les enfants. Qui les traitent comme ils traiteraient un adulte. Avant la puberté, il semblerait que les individus ne soient que des sous-adultes, des adultes en devenir. Je pense a cette expression, adulte en devenir. Les adultes ne sont pas des personnes agees en devenir, alors quoi, aurait-on perdu tout but dans la vie une fois adulte?


J'écoutais tout a l'heure une chanson de Charlotte Gainsbourg qui disait "I read a magazine that said by seventeen your life is at an end". Pour moi, la vie se divise en deux. L'enfance constitue la premiere partie, puis vient l'entracte avec l'adolescence, ou l'on ne se situe plus dans l'enfance, pas encore dans la vie adulte (j'ai failli écrire l'adultere), et enfin la deuxieme et derniere partie, qui pour beaucoup de gens n'a plus aucun lien avec la premiere. Une fois papillon, on ne veut plus entendre parler de la chenille. Puis vient un moment dans la vie de papillon ou l'on devient parent a son tour, et la boucle est bouclée.

J'étais pas du tout partie pour philosopher, je voulais parler de mon travail a la nursery, ou plutot du travail des enfants, et puis voila, je me laisse emporter. Jeudi dernier, j'ai passé l'apres-midi avec quatre enfants a construire une arche avec le matériel montessori du grand pont romain dont la photo est ci-dessous.


Ce matériel est présenté en vrac dans un panier, et j'avais jamais su comment s'en servir avant qu'un enfant de trois ans ne me montre. Lui, on lui avait jamais montré, il avait regardé les autres faire. Au début, j'ai cru qu'il faisait n'importe quoi. J'ai cru qu'il piochait les pieces au hasard dans le panier et les empilait sans but précis. Il regardait a peine dans le panier, les yeux rivés sur sa construction. Et peu a peu, étage par étage, c'est monté. On voit bien sur la photo que les pieces sont de taille différentes. Eh bien le petit Aaron savait exactement ou mettre quelle piece, en les attrappant délicatement du bout du pouce et de l'index, plus concentré que jamais et imperturbable par les enfants qui s'agglutinaient peu a peu autour de lui, attendant leur tour.

Le but de la manoeuvre est en fait de batir une arche qui tient toute seule, en utilisant un support au début et en construisant tres solidement pour pouvoir s'en passer une fois terminé. C'est un travail qui demande énormément de concentration (j'ai essayé et n'y suis parvenue qu'a grande peine), de minutie et de patience.

Quand Aaron eut terminé, il laissa sa place a Olivia, qui n'avait jamais fait cette activité avant. Meme si je venais d'observer Aaron construire le pont, j'étais tout a fait incapable de montrer a Olivia quelle piece poser ou! Heureusement qu'Aaron a bien voulu l'aider, en triant les pieces pour elle, sans toutefois lui dire ou les mettre, ca serait trop facile sinon! Ce petit garcon est un exemple extraordinaire de l'apprentissage par la reproduction de gestes. Il sait non seulement comment batir le pont romain sans qu'on ne lui ait jamais montré explicitement, mais il sait aussi qu'aider trop un ami ne lui rendra pas service, attitude que le personnel de la nursery défend bec et ongles.

Le pont d'Aaron n'est qu'un exemple parmi les scenes dont je suis témoin a la nursery. J'en aurais tres certainement d'autres a raconter apres ma journée de demain. J'espere ne jamais cesser de m'émerveiller de leurs capacités et aptitudes, ainsi que de l'attitude qu'ils ont les uns vis a vis des autres.

Sunday, 24 May 2009

Dumbing us down

Je lis en ce moment "Teaching Montessori in the home - The Pre-school Years", autrement dit "Utiliser la méthode Montessori a la maison - de la naissance a 5 ans", d'Elizabeth Hainstock. C'est vraiment tres intéressant et donne plein d'exemples d'activités que l'on peut préparer pour l'enfant, avec a chaque fois des explications détaillés sur ce qu'apporte telle activité. Les toutes premieres pages font référence a l'esprit Montessori, a l'enfant dans son individualité et sa volonté d'apprendre.


J'en ai traduit un passage que je trouve particulierement intéressant:

"De nos jours, beaucoup trop d'écoles ne permettent pas aux enfants de penser par eux-memes. Ils sont trop souvent soumis aux contraintes d'un programme national stérile et uniformisant dans un environnement ou les décisions des adultes prédominent. Pendant ce temps, les enfants et leurs parents sont persuadés qu'ils se trouvent dans un lieu d'apprentissage réel, et surtout, sérieux. Ce qu'ils en retirent a long terme est un apprentissage de surface décousu qui ne profite ni a l'enfant ni a son enseignant.

Les enfants d'aujourd'hui ont besoin de beaucoup plus de stimulation qu'on ne leur offre. Ils apprennent par coeur, répondent a des questions de manuels scolaires par des réponses de manuels scolaires. Il est rare qu'ils aient l'occasion - et la permission - d'utiliser leur intelligence d'une maniere imaginative et créative. Dans les rares occasions ou un enfant ou un jeune adulte doit donner une réponse qui résulte d'une véritable pensée, il n'aura pas recu la préparation dont il a besoin. Ses capacités de réflexion autonome, tres peu stimulées, seront devenues stagnantes a force de mise au rebut. Trop de jeunes gens aujourd'hui ne sont capables de s'exprimer que par généralités vagues et abstraites.


Est-ce de la faute de l'enfant s'il est mal préparé, ou de la structure de notre systeme d'éducation actuel et des parents eux-memes qui placent trop d'importance dans la dépendance? Sommes nous en phase de créer une génération d'enfants choyés et dépendants a qui l'on permet progressivement de perdre tout concept d'originalité et de créativité? L'importance d'enseigner a nos enfants comment apprendre et penser par eux-memes durant leurs premieres années ne doit pas etre sous-estimée.




Nous nous devons d'offrir a nos enfants un cadre solide sur lequel son apprentissage futur - un processus sans fin - sera basé. Un enfant préparé de cette facon ne se satisfera pas d'un apprentissage superficiel mais cherchera sans cesse a approfondir ses recherches. Un esprit bien développé ne pourra pas etre refermé par un environnement restrictif."

Je m'excuse pour les fautes et les répétitions, ce n'est pas un texte facile a traduire. Cette édition a plus de douze ans et pourtant, on ne peut que déplorer a quel point ce texte s'applique au monde d'aujourd'hui...

Sunday, 3 May 2009

Progression du langage parlé

Hier apres-midi, j'ai rendu visite a des amis que je n'avais pas vus depuis longtemps. Il y a six mois, l'un de leur petits garcons, qui vient d'avoir cinq ans, parlait tres bien et etait un champion des verbes irreguliers (c'est une famille anglaise). Bien sur, il faisait encore une petite faute de temps en temps, mais rien de grave pour un enfant de cet age.

Hier, j'ai passe pas mal de temps avec lui a jouer a un jeu qu'il adore, appele Pop to the shops,, auquel on a du jouer une centaine de fois, sans exagerer! Il parle beaucoup et j'ai pu remarquer que ses verbes irreguliers ne sont plus aussi parfaits qu'il y a quelques mois. On appelle ca la phase de regression.

On reconnait en general trois etapes dans l'apprentissage d'une langue par les enfants.

Tout d'abord, une phase de progression extremement rapide qui debute in utero. L'enfant apprend instinctivement en copiant les expressions des adultes, et de sourire en gazouillis communique avec son entourage. Il ressent alors le besoin de parler comme eux, parce que quand meme on va pas tres loin comme ca, et puis devoir pleurer a chaque fois qu'on a besoin de quelque chose, c'est fatigant a la fin. On sait qu'on a besoin d'un langage precis, parce que les adultes sont quand meme pas tres fut-fut des fois. Les theories divergent quant a savoir si cet apprentissage est tres lent ou tres rapide. Mais si on reflechit deux minutes a tout ce qu'un bebe apprend lors de ses deux premieres annees, on realise que oui, peut etre, les bebes sont plutot efficaces! Imaginez, partir de rien, du neant, d'un trou noir, non seulement avoir a apprendre comment communiquer, par le langage corporel ET le langage oral, comprendre ce qu'on lui dit sans etre encore capable de reproduire les sons, mais aussi comment produire des sons avec son appareil vocal, et enfin, construire des phrases. Un peu plus de deux ans pour apprendre tout ca, moi je dis que ca tient du prodige!


La deuxieme etape est appelee la phase de regression. C'est une etape extremement importante dans le developpement de l'enfant, l'etape ou il prend conscience de la logique de construction des phrases et ou il se bat avec ce qu'il sait et ce qu'il pense savoir. Les phrases cessent de lui apparaitre comme des fils de mots, il commence a explorer la structure, a decouvrir que certains mots changent legerement dans certains contextes, le pluriel, la conjugaison simple, les modes declaratifs, imperatifs, interrogatifs. Il se pose des questions.

En francais, la conjugaison est tellement compliquee que cette phase n'est pas tellement apparente car les enfants continuent de faire des fautes longtemps apres avoir "maitrise" la langue.

En anglais, il suffit d'ajouter la terminaison -ed aux verbes irreguliers pour former le participe passe. I talk ---> I talked - I cry ---> I cried - I listen ---> I listened! Rien de plus simple! Les verbes irreguliers sont plus capricieux et demandent a etre appris par coeur. "I go" ne deviendra pas "I goed", mais "I went". "I see" deviendra "I saw" etc. Pas de secrets pour ceux-la, il faut les apprendre.

Un enfant dans la phase de progression ne fera que tres peu de fautes avec ses verbes, car il sera dans une phase ou il copie les adultes sans reflechir a la grammaire.


La phase de regression lui apporte le questionnement: "Si au passe on dit "I talked" et "I cried", alors on doit dire "I goed" et "I seeed". Tout irait bien si l'enfant n'etait pas confronte a l'adulte qui le corrige: "On dit pas I goed, on dit I went". "Qu'est-ce que c'est que ce bazar? Certains mots sont tous pareils et certains mots sont tous pas pareils? Comment je le sais moi alors??" A ce moment-la l'enfant n'est plus sur de ses reperes; il commence a re-apprendre sa langue. D'ou le nombre de fautes qui augmente. Les verbes irreguliers n'en sont qu'un exemple, le questionnement concerne toutes les irregularites.

A force de corrections, l'enfant finit par accepter les bizarreries de sa langue et entre a nouveau dans le rang pour continuer avec une deuxieme phase de progression completement differente de la premiere. Elle est plus active dans le sens ou l'enfant a plus de facilite a apprehender les differentes structures du langage oral.

Hier, ce petit garcon de cinq ans cherchait un jouet dans sa chambre, et on a joue a se battre pour l'avoir en premier (il semblerait que j'aie une predisposition pour retomber en enfance en une demi-seconde). Extrait de la conversation.

Lui "It's mine, I seeed it first!!"
Moi "No, I seeed it first!!"

No comment... ;)