Sunday 24 May 2009

Dumbing us down

Je lis en ce moment "Teaching Montessori in the home - The Pre-school Years", autrement dit "Utiliser la méthode Montessori a la maison - de la naissance a 5 ans", d'Elizabeth Hainstock. C'est vraiment tres intéressant et donne plein d'exemples d'activités que l'on peut préparer pour l'enfant, avec a chaque fois des explications détaillés sur ce qu'apporte telle activité. Les toutes premieres pages font référence a l'esprit Montessori, a l'enfant dans son individualité et sa volonté d'apprendre.


J'en ai traduit un passage que je trouve particulierement intéressant:

"De nos jours, beaucoup trop d'écoles ne permettent pas aux enfants de penser par eux-memes. Ils sont trop souvent soumis aux contraintes d'un programme national stérile et uniformisant dans un environnement ou les décisions des adultes prédominent. Pendant ce temps, les enfants et leurs parents sont persuadés qu'ils se trouvent dans un lieu d'apprentissage réel, et surtout, sérieux. Ce qu'ils en retirent a long terme est un apprentissage de surface décousu qui ne profite ni a l'enfant ni a son enseignant.

Les enfants d'aujourd'hui ont besoin de beaucoup plus de stimulation qu'on ne leur offre. Ils apprennent par coeur, répondent a des questions de manuels scolaires par des réponses de manuels scolaires. Il est rare qu'ils aient l'occasion - et la permission - d'utiliser leur intelligence d'une maniere imaginative et créative. Dans les rares occasions ou un enfant ou un jeune adulte doit donner une réponse qui résulte d'une véritable pensée, il n'aura pas recu la préparation dont il a besoin. Ses capacités de réflexion autonome, tres peu stimulées, seront devenues stagnantes a force de mise au rebut. Trop de jeunes gens aujourd'hui ne sont capables de s'exprimer que par généralités vagues et abstraites.


Est-ce de la faute de l'enfant s'il est mal préparé, ou de la structure de notre systeme d'éducation actuel et des parents eux-memes qui placent trop d'importance dans la dépendance? Sommes nous en phase de créer une génération d'enfants choyés et dépendants a qui l'on permet progressivement de perdre tout concept d'originalité et de créativité? L'importance d'enseigner a nos enfants comment apprendre et penser par eux-memes durant leurs premieres années ne doit pas etre sous-estimée.




Nous nous devons d'offrir a nos enfants un cadre solide sur lequel son apprentissage futur - un processus sans fin - sera basé. Un enfant préparé de cette facon ne se satisfera pas d'un apprentissage superficiel mais cherchera sans cesse a approfondir ses recherches. Un esprit bien développé ne pourra pas etre refermé par un environnement restrictif."

Je m'excuse pour les fautes et les répétitions, ce n'est pas un texte facile a traduire. Cette édition a plus de douze ans et pourtant, on ne peut que déplorer a quel point ce texte s'applique au monde d'aujourd'hui...

Sunday 3 May 2009

Progression du langage parlé

Hier apres-midi, j'ai rendu visite a des amis que je n'avais pas vus depuis longtemps. Il y a six mois, l'un de leur petits garcons, qui vient d'avoir cinq ans, parlait tres bien et etait un champion des verbes irreguliers (c'est une famille anglaise). Bien sur, il faisait encore une petite faute de temps en temps, mais rien de grave pour un enfant de cet age.

Hier, j'ai passe pas mal de temps avec lui a jouer a un jeu qu'il adore, appele Pop to the shops,, auquel on a du jouer une centaine de fois, sans exagerer! Il parle beaucoup et j'ai pu remarquer que ses verbes irreguliers ne sont plus aussi parfaits qu'il y a quelques mois. On appelle ca la phase de regression.

On reconnait en general trois etapes dans l'apprentissage d'une langue par les enfants.

Tout d'abord, une phase de progression extremement rapide qui debute in utero. L'enfant apprend instinctivement en copiant les expressions des adultes, et de sourire en gazouillis communique avec son entourage. Il ressent alors le besoin de parler comme eux, parce que quand meme on va pas tres loin comme ca, et puis devoir pleurer a chaque fois qu'on a besoin de quelque chose, c'est fatigant a la fin. On sait qu'on a besoin d'un langage precis, parce que les adultes sont quand meme pas tres fut-fut des fois. Les theories divergent quant a savoir si cet apprentissage est tres lent ou tres rapide. Mais si on reflechit deux minutes a tout ce qu'un bebe apprend lors de ses deux premieres annees, on realise que oui, peut etre, les bebes sont plutot efficaces! Imaginez, partir de rien, du neant, d'un trou noir, non seulement avoir a apprendre comment communiquer, par le langage corporel ET le langage oral, comprendre ce qu'on lui dit sans etre encore capable de reproduire les sons, mais aussi comment produire des sons avec son appareil vocal, et enfin, construire des phrases. Un peu plus de deux ans pour apprendre tout ca, moi je dis que ca tient du prodige!


La deuxieme etape est appelee la phase de regression. C'est une etape extremement importante dans le developpement de l'enfant, l'etape ou il prend conscience de la logique de construction des phrases et ou il se bat avec ce qu'il sait et ce qu'il pense savoir. Les phrases cessent de lui apparaitre comme des fils de mots, il commence a explorer la structure, a decouvrir que certains mots changent legerement dans certains contextes, le pluriel, la conjugaison simple, les modes declaratifs, imperatifs, interrogatifs. Il se pose des questions.

En francais, la conjugaison est tellement compliquee que cette phase n'est pas tellement apparente car les enfants continuent de faire des fautes longtemps apres avoir "maitrise" la langue.

En anglais, il suffit d'ajouter la terminaison -ed aux verbes irreguliers pour former le participe passe. I talk ---> I talked - I cry ---> I cried - I listen ---> I listened! Rien de plus simple! Les verbes irreguliers sont plus capricieux et demandent a etre appris par coeur. "I go" ne deviendra pas "I goed", mais "I went". "I see" deviendra "I saw" etc. Pas de secrets pour ceux-la, il faut les apprendre.

Un enfant dans la phase de progression ne fera que tres peu de fautes avec ses verbes, car il sera dans une phase ou il copie les adultes sans reflechir a la grammaire.


La phase de regression lui apporte le questionnement: "Si au passe on dit "I talked" et "I cried", alors on doit dire "I goed" et "I seeed". Tout irait bien si l'enfant n'etait pas confronte a l'adulte qui le corrige: "On dit pas I goed, on dit I went". "Qu'est-ce que c'est que ce bazar? Certains mots sont tous pareils et certains mots sont tous pas pareils? Comment je le sais moi alors??" A ce moment-la l'enfant n'est plus sur de ses reperes; il commence a re-apprendre sa langue. D'ou le nombre de fautes qui augmente. Les verbes irreguliers n'en sont qu'un exemple, le questionnement concerne toutes les irregularites.

A force de corrections, l'enfant finit par accepter les bizarreries de sa langue et entre a nouveau dans le rang pour continuer avec une deuxieme phase de progression completement differente de la premiere. Elle est plus active dans le sens ou l'enfant a plus de facilite a apprehender les differentes structures du langage oral.

Hier, ce petit garcon de cinq ans cherchait un jouet dans sa chambre, et on a joue a se battre pour l'avoir en premier (il semblerait que j'aie une predisposition pour retomber en enfance en une demi-seconde). Extrait de la conversation.

Lui "It's mine, I seeed it first!!"
Moi "No, I seeed it first!!"

No comment... ;)